Droit au Travail

Droit au Travail

Voir : http://www.droit-au-travail.com/

Et si Droite et Gauche s'entendaient pour faire oublier la première et permanente revendication des travailleurs pendant deux siècles: le Droit au Travail ?

En feignant d'oublier qu'il est inscrit dans la Constitution. Ceci au profit de deux leurres, le ''travailler plus'' des uns, le ''travailler moins'' des autres, qui leur assure une tranquille ''alternance''.

Philippe Brouillard remet en cause le choix actuel d'un assistanat de plus de 150 milliards d'euros, somme qui peut fournir plus de 5 millions d'emplois productifs à 1500 euros net. Sans impôt supplémentaire.

Et donner un avenir à l'économie de la France.


Texte PDF complet : http://www.droit-au-travail.com/

dimanche 14 novembre 2010

Manifeste pour le droit au travail

Manifeste
pour
le
droit
au
travail



Philippe Brouillard


Et si Droite et Gauche s'entendaient pour
faire oublier la première et permanente
revendication des travailleurs pendant deux siècles:
le Droit au Travail ? En feignant d'oublier qu'il est
inscrit dans la Constitution. Ceci au profit de deux
leurres, le ''travailler plus'' des uns, le ''travailler
moins'' des autres, qui leur assure une tranquille
''alternance''.


Philippe Brouillard remet en cause le choix
actuel d'un assistanat de plus de 150 milliards
d'euros, somme qui peut fournir plus de 5 millions
d'emplois productifs à 1500 euros net. Sans impôt
supplémentaire.


Et donner un avenir à l'économie de la France.
 

Version PDF = http://www.droit-au-travail.com/
( A consulter de préférence sur la version PDF ( Tableaux lisibles ))





Texte totalement inutile à qui penserait que nous ne sommes pas dans une situation de crise. De crises. Un pluriel sans guère de précédents.

Crise économique d'abord. Panne de croissance et recul industriel.
Crise financière, loin d'avoir épuisé tous ses effets malgré les milliards offerts à ses protagonistes;
Crise écologique, dont l'ampleur à venir est de moins en moins contestée. Un épuisement annoncé de la planète. Ses effets envahissant déjà l'actualité.
Crise religieuse. Qui nourrit des foyers de guerre et une peur sécuritaire depuis plus de dix ans.
Crise identitaire. Pour des nations appelées à se dissoudre dans des ensembles sans consistance.
Crise morale. Née d'une inquiétude générale sur la place de l'homme dans le système productif dominant.
Crise politique. Marquée par une défiance sans précédent à l'égard des partis, des institutions, des idéologies.
Crise sociale. La promesse d'une ''mondialisation heureuse'' ayant débouché sur un accroissement de la pauvreté pour la majorité dépendant du travail.
Crise militaire. Enlisement dans des conflits perdus d'avance.
Il est clair pour beaucoup que le système économique dominant est à la source de ces dérèglements.
D'aucuns, il y a quelques décennies, y auraient vu les prolégomènes d'une révolution imminente. Il n'en a rien été. Seules des avancées sociales en Amérique latine ont entamé une timide rupture de la fatalité.

Cette crise présente un cocktail de paradoxes:

1er paradoxe: Plus la richesse de la France s'accroît1, plus ses élites concluent à la nécessité d'une ''rigueur''. Il faut même, pour le dernier Président, revenir sur toutes les ''avancées sociales'' de 1945.
2ème paradoxe: Plus la productivité du travail augmente2, plus il faudrait travailler longtemps.

3ème paradoxe: Plus le chômage s'accroît, moins les syndicats3 organisent les chômeurs.

4ème paradoxe: Plus le Gouvernement se dit ''libéral'', plus il intervient pour ''aider les entrepreneurs'', contrairement au principe même du libéralisme.

5ème paradoxe: Plus la Gauche dénonce les méfaits du capitalisme, plus ses divers partis abandonnent la perspective d'un changement de régime.

6ème paradoxe: Plus il est question du chômage, plus on dit Droit au Logement et moins ''Droit au Travail''4
7ème paradoxe: Plus l'Europe va mal et mécontente les peuples, plus ses élites la trouvent nécessaire.
8ème paradoxe: Plus la crise s'aggrave, moins les partis d'opposition ont de programme à proposer.
9ème paradoxe: Plus les Français contestent la politique en cours, moins il votent. Plus ils sont mécontents, moins ils s'organisent (partis et syndicats).

10ème paradoxe: Plus la loi du profit détruit la planète, plus la course au profit s'accélère. Plus la récession menace, plus s'envole le commerce du luxe.

...et on pourrait en aligner ainsi pendant des pages!

Cette énumération pose une question qui dépasse toutes les idéologies constituées depuis deux-cents ans. Aussi bien le néo-libéralisme, pour la Droite, que les différents ''socialismes'' pour la Gauche5.

Tout se passe comme si, après un siècle de réponses tentées au désordre capitaliste, le XXIème inaugurait la définitive résignation des travailleurs.

Quelques naïfs ont cru la dissolution de l'empire soviétique pouvoir inaugurer une orchestration paisible du monde sous la baguette du Marché. Les vingt années suivantes ont fait déchanter. Les guerres n'ont point cessé, bien au contraire.

*
La guerre

Petit rappel à propos des guerres. Pour situer les crises évoquées plus haut dans un contexte global.

Les tentatives soviétiques de main-mise sur l'Afghanistan avaient scandalisé le monde. Celui-ci s'est aussitôt coalisé pour y mener une plus longue guerre encore.
La France, après avoir perdu celle d'Indochine, puis la guerre d'Algérie, puis ses barouds africains, a trouvé là une nouvelle cause perdue d'avance, financièrement, militairement et moralement. Cette recherche permanente des occasions de défaites est bien curieuse. Une fatalité ou l'effet d'une obstination calculée?
Un ordre économique mondial enfin unifié était supposé ouvrir une ère de paix, au moins sur le plan militaire. Il n'en a rien été. Les USA, les plus sur-armés du monde ont, depuis 1946, perdu toutes leurs offensives. Ils n'ont plus ou moins évité que deux défaites. Au Kosovo et à Gaza. Et pas tout seuls. Et pas totalement.
Cette passion de la défaite, qui anime l'Occident depuis 1946, de Pyong-Yang à Saïgon, de Cuba à Mogadiscio, d'Abou-Grahib à Bagram, en passant par Tbilissi, quelle signification a-t-elle? Qu'est-ce que ce financement hallucinant d'une ''guerre des étoiles'' à coups de milliers de milliards pour cavaler en vain pendant dix ans à la poursuite de deux barbus en vélomoteur? Le Dieu que truste l'Amérique aurait-il juré sa perte?
L'Occident a révolutionné le monde par l'industrie et prétend le régenter par sa ''démocratie''. En affaiblissant régulièrement les deux, ne signe-t-il pas la fin de son empire? Les peuples d'Occident doivent-ils assister impuissants à ce suicide de longue main assumé?

*
Revenons aux données françaises de la crise.

Le débat sur les retraites, qui vient de secouer la France, s'est focalisé sur l'augmentation de l'espérance de vie. Celle-ci a, depuis la loi de 1983 sur la retraite à soixante ans, effectivement augmenté... d'environ 8%. Dans le même temps, le PIB a cru, lui, d'environ 60%. On a donc voulu démontrer qu'une France une demie-fois plus riche ne pouvait supporter ce modeste supplément! En brandissant le montant faramineux de la dette, et en omettant d'éclaircir le destin des nouvelles richesse créées.

Où passe l'argent de la croissance?

Pour daté qu'il soit, le tableau INSEE qui suit montre combien, dès avant l'aventure Sarkozy, l'ascension des plus riches était fulgurante. Leur victoire ''décomplexée'' de 2007 a précipité cette course au pillage.
Naturellement, les 0,01% ''les plus riches'' sont précisément ceux dont le revenu provient le moins du travail.

2004-2007 : la hausse des plus hauts revenus
Évolution des revenus annuels déclarés par personne

2004 (en euros)
2007 (en euros)
Hausse (en %)
Hausse en valeur
De 0 à 90 % les plus bas
15 490
16 913
+ 9
+ 1 423
10 % les plus riches
43 379
48 003
+ 11
+ 4 624
1 % les plus riches
101 922
118 634
+ 16
+ 16 712
0,1 % les plus riches
263 017
335 246
+ 27
+ 72 229
0,01 % les plus riches
907 932
1 269 555
+ 40
+ 361 623
Ces revenus ne prennent pas en compte les impôts.
Source : Insee.

Même s'il est hasardeux de tirer des certitudes à partir de statistiques limitées, on peut au moins constater que, le PIB ayant cru de 9% sur la période, les plus riches se sont plus enrichis que la croissance le permettait... Et ont donc généré un déficit. D'autant que ces +9% aux ''plus pauvres'' proviennent davantage des ''avantages sociaux'' que des salaires.
Pillage donc par quelques uns, moyennant des consolations aux plus pauvres, accordées grâce au déficit et aux frais des classes moyennes.

Première leçon:

Plus le pays s'enrichit globalement, plus on lui parle de rigueur.
Une part grandissante du produit du travail sert à l'enrichissement des plus riches. Lesquels, en vertu de cette règle, ne peuvent que le devenir de plus en plus. Aux dépens de qui?
Quelques conclusions tirées par des économistes des chiffres de l'INSEE:
« Jusqu’en 1975, la croissance annuelle du salaire réel se situait autour de 3,5% en moyenne, ce qui assurait un doublement du pouvoir d’achat en une vingtaine d’années. Depuis le milieu des années 1970, le rythme de croissance des salaires est inférieur à 0,5% par an. Le doublement du salaire qui pouvait naguère s’obtenir en 20 ans, ne peut désormais se réaliser qu’en 140 ans ! »
Et d'un autre:
« En 2004 le patrimoine des 10 % des plus fortunés est 2 135 fois supérieur à celui des 10 % les moins riches ». Source : Insee - Enquêtes patrimoine 1998 et 2004

Encore un autre:

« C'est en France que les portefeuilles financiers des particuliers ont le plus gonflé entre 1997 et 2002, d'après une étude de Datamonitor sur le marché européen de la gestion d'actifs financiers, Le nombre de Français détenant plus de 300 000 euros en actifs financiers liquides a progressé de près de 60% durant cette période, dépassant celui des Britanniques et se plaçant juste derrière l'Allemagne ».
(Alternatives Économiques n° 220 - décembre 2003)

Un dernier pour la route:

« Selon des données publiées par le Conseil de l’Emploi des Revenus et de la Cohésion Sociale (CERC), « en 2004, alors que les 10 % les plus riches parmi les ménages possèdent un patrimoine supérieur à 382 000 euros par ménage, les 10 % les moins riches ne disposent que de moins de 900 euros ». Ainsi, les ménages les plus riches (1 %) possèdent 13 % du patrimoine. Les 10 % les plus riches en possèdent près de la moitié (46 %), alors que les 50 % les moins riches n’en détiennent que 7 % » .

La France compte de nombreux millionnaires: pas moins du quart des personnes les plus riches d'Europe. Elle abrite en effet 2,19 millions de personnes qui possèdent au moins 1 million de dollars en capital ou en biens immobiliers, soit 9% du total mondial, nous révèle l’étude du Crédit Suisse. Le plus étonnant, c’est que notre pays n’est classé que sixième puissance économique mondiale, alors qu’il se retrouve, à cause du grand nombre de ses fortunes individuelles, loin devant l'Italie (6 %), la Grande-Bretagne (5 %), l'Allemagne (5 %), le Canada(4%) et la Chine (3%). /news.suite101.fr/





Au delà des querelles statisticiennes de détail, posons-nous la question:
L'endettement vertigineux de la France a-t-il servi et sert-il encore à ''payer les retraites et la sécu'', ou bien à accélérer l'enrichissement d'un très petit nombre très au-delà de la croissance du PIB?

Nous verrons plus loin qu'il a servi aussi à d'autres fins, les ''plus riches'', comme dit l'INSEE, ayant le souci de ''piller tranquilles''. De se protéger des possibles colères populaires. Ils ont donc dû consentir quelques ''redistributions'' à ceux qui soutiennent leur pouvoir.


Notons encore une fois que l'INSEE se fonde sur les revenus et le patrimoine déclarés au fisc. Les comptes suisses et les iles aux Seychelles ne sont pas comptabilisés. La fraude fiscale et sociale (entreprises ''noires'') était, il y a cinq ans, évaluée autour de 60 milliards d'euros. Égale alors au déficit de l'État.















Deuxième leçon:

Désindustrialisation et chômage accélèrent la course au profit.
Le transfert du capital industriel au capital financier , nouveau maître de la mondialisation, désaccouple ce duo qui a forgé l'industrie occidentale'6.
La mondialisation est d'abord une mise sur le marché de l'exploitation capitaliste de toute la main d'œuvre du monde en un seul encan. La mise en concurrence mondiale du fraiseur Renault. Reste à lui de se voir chômeur ou d'abandonner ses droits acquis après un siècle de luttes. Progressivement, son salaire devra tendre à l'équilibre avec son homologue du Bangladesh.
Le dumping social instauré par les traités européens a déjà permis aux actionnaires Renault d'expatrier une part croissante de la production dans les pays de l'Est, comme chacun sait.
De doctes économistes et think-tankers à la Roccard7 nous répètent que les délocalisations ne sont que pour 7% responsables de la perte des 500,000 emplois industriels français en moins de dix ans. Certains prétendent même que leur bilan est somme toute positif.
Certes, les fabricants de jouets du Jura n'ont pas délocalisé en Chine. Ils ont simplement mis la clef sous la porte. Seuls les groupes du CAC 40 délocalisent résolument. Avec l'aide de l'État. Le dumping fait le reste.

La baisse tendancielle du taux de profit, annoncée par Marx, comme découlant de la sur-accumulation du capital et de la part grandissante du capital mort (machines, locaux etc.) pousse inexorablement le capitaliste vers la constitution de groupes mondiaux, dominant un marché planétaire, c'est une chose. Mais la plus-value ne provenant toujours que de l'exploitation de salariés, il lui faut sans cesse en augmenter le nombre.
Cette donnée fait rarement la une. On parle à l'envie des grandes concentrations prolétariennes du siècle dernier, en France, comme étant révolues. Où sont passés les 50,000 ouvriers Renault, les 30,000 Peugeot etc.? Qui donnaient à penser et à voir une armée ouvrière...
En 2010, plus personne n'en parle8. Alors que les effectifs des deux groupes ont plus que doublé!9
Alors que dire des 345,000 de chez Ford, des 416,000 de Daimler-Chrysler, des 324.000 de Volkswagen?
Des entreprises naines, à côté des 1,224,000 de chez Wal-Mart! Que voulez-vous, tant qu'on pourra faire croire aux gogos que ''la machine remplace l'homme''...

En 2000, les vingt premières entreprises mondiales employaient cinq millions trois-cents mille salariés10.
La croissance énorme du prolétariat11 est un des traits majeurs de notre époque.
Elle va naturellement de pair avec une concentration grandissante des entreprises12.
La mondialisation ne pouvant être que le fait des plus grands groupes, la concentration en est le marche-pieds préalable. On rachète des PME, on en extrait les qualités spécifiques, on crée un clone ailleurs et elles se trouvent rapidement en faillite.
Récemment, ce processus de pillage a pris une ampleur sans précédent. Ainsi, pour satisfaire au profit des actionnaires, des groupes comme EADS, Total, Areva, Alsthom etc. signent avec la Chine des contrats assortis de transferts de technologie lourds de conséquences pour leur avenir. Dit autrement, le capitalisme chinois, à partir de l'exploitation forcenée de son peuple, prend le pas sur des concurrents qui n'ont, comme la France, que 25 millions de salariés à exploiter. Chacun comprend quelle sera l'issue du combat entre ces capitalistes.


Faudrait-il pour autant s'opposer à une organisation mondialisée du travail, celle au nom de laquelle agit le néo-libéralisme?
Tant que ce phénomène s'assortit du développement des forces productives, aurait dit Marx, rien ni personne ne peut l'arrêter. Pas même le rêve américain d'une troisième guerre mondiale contre la Chine.
Les deux seuls obstacles au développement du capitalisme mondialisé sont d'une part la résistance éventuelle des victimes et d'autre part – nouvelles mais pourquoi pas surmontables – les limites naturelles de la planète.
Le premier favoriserait la croissance; les secondes en modifieraient l'orientation.








Troisième leçon:

Comment se fait-il que, plus s'accumulent les menaces sur le bien-être des travailleurs français, moins les partis d'opposition ont de solutions à proposer?

Cette constatation ne relève même plus d'une polémique. Déjà, en 2002, on a pu voir que l'absence de programme, tant de Jospin que de Chirac, avait fait le succès de Le Pen.
Aussitôt enregistrée la leçon, le PS s'est dit occupé à préparer un programme. Le PCF itou. Or, huit ans après, les mêmes n'ont encore accouché de rien. Depuis huit ans, ils le promettent, ce programme... pour le mois qui vient.
Pourtant certains se souviennent que la seule victoire notable de la Gauche, en 1981 (depuis 1947) fut obtenue au bout de la très longue bataille pour un ''Programme Commun de Gouvernement''. Même peu enclin à le respecter, Mitterrand avait su s'en faire un puissant soutien populaire. La leçon de mai 68, mouvement sans programme politique, avait alors servi.
Le recul général de la social-démocratie en Europe , malgré la règle habituelle de ''l'alternance'', montre à quel point les peuples ont compris qu'elle n'offrait qu'une alternative illusoire.
Les Français, placés devant le choix entre le Sarkozy du G8 et le DSK du FMI, voient barrée toute voie d'un remède à leurs pires inquiétudes.
Nous sommes là devant une problématique nouvelle, des données auxquelles le vingtième siècle avait cru pouvoir échapper en cultivant les mythes socialistes.
Essayons d'en faire une analyse.

L'auto-destruction de la Gauche:
De 1920 à 1980, l'affirmation qu'une alternative au capitalisme est non seulement nécessaire mais possible devient le credo de plus d'un tiers de l'électorat. Le PCF fait autant de voix qu'en aurait Sarkozy aujourd'hui13. Il s'affirme comme ''le Parti des Travailleurs'', même s'il s'appuie plus sur une aristocratie ouvrière et intellectuelle que sur la masse des plus exploités. Il accompagne les grandes luttes sociales et patriotiques jusqu'aux années 70.
Plus ses liens avec l'URSS vont se distendre, plus ses dirigeants vont s'orienter vers une voie électoraliste. Cela ira jusqu'à l'allégeance à Mitterrand en échange de quelques portefeuilles. Et à la mort de leur Parti. Les fossoyeurs en seront Robert Hue14 et M.G. Buffet, en faisant d'un parti ''ouvrier'' un parti de sénateurs. Même le mot ''prolétariat'' est banni de leurs statuts.
Le PS, débarrassé sur sa gauche, abandonne quant à lui ses attributs ''socialistes'', se réclame de ''l'économie de marché'', milite pour le traité Giscard sur l'Europe. Plusieurs de ses cadres trouvent tout naturellement un emploi chez Sarkozy. Il redevient le ''gérant loyal du capitalisme'', selon la formule de Léon Blum, se contentant de dénoncer ''l'ultra-libéralisme''. Sans y opposer de programme, rappelons-le. L'alternance de 2012 devant lui offrir le pouvoir comme le pommier offre les pommes.
A l'extrême-gauche, on a vu les dirigeants trotskystes, Besancenot en tête, vouloir à leur tour muer leurs groupes en parti électoral. Las, les troupes n'ont pas suivi.
Quelle ''explication'' donner de cette décadence de la Gauche? D'autant plus manifeste que le pays gronde comme jamais contre la Droite.
J'ai parlé d'électoralisme. Le virus qui avait ravagé le parti de Jaurès avant la guerre de 14-18. Celui que le Parti Communiste s'était juré de combattre dès sa création en 1920. Combattu si bien qu'il n'avait pas voulu de portefeuilles dans le gouvernement de Front Populaire. Son court passage au Pouvoir en 1945 ne l'avait guère fait dévier. Par contre, dès 1978-79, le PCF troque ses voix contre des postes et ne s'en relèvera pas. Il attribuera ses pertes...au stalinisme15. Il hurle même avec les loups en assimilant complaisamment communisme et soviétisme.
La Droite et le PS n'en attendaient pas tant. Après 90, il est admis qu'il n'existe plus d'alternative au capitalisme. Le PC chinois en fait lui-même un dogme.
Du même coup, l'organisation des travailleurs perd tout intérêt. Celle des immigrés et des chômeurs encore plus. Le Front National se met à prospérer sur les non-dit de la Gauche, et particulièrement dans les bastions électoraux du PCF.
La Gauche se rabat sur le terrain de la bien-disance moralisatrice et la dénonciation des inégalités les plus criantes.
La bataille pour une autre société est perdue. Seule l'étiquette rouge sert encore les jours d'élections.
Un des deux hommes les plus riches du monde, Warren Buffet, peut désormais déclarer avec aplomb:
« La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, celle des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter »
Un de ses fans parlera de ''Droite décomplexée''.

Un autre éclairage doit cependant compléter notre tentative d'explication de cette révolution idéologique à l'envers..

La stratégie de la Droite:
Au début du XXème siècle, la bourgeoisie répond encore aux mouvements sociaux par le sabre et le goupillon. La classe ouvrière se déchristianisant, le sabre intervient plus souvent.
Mais, la paysannerie régressant, le recrutement militaire devient de moins en moins fiable pour mater les révoltes. Déjà, l'épisode des ''braves soldats du 17ème''16 avait montré les limites de cette stratégie. Le développement du salariat va la rendre totalement inapplicable.
Il faut donc trouver une autre solution. Elle existe. D'une part, la richesse capitaliste croît énormément et lui donne des moyens nouveaux. D'autre part, l'arrivée massive de paysans dépossédés dans la classe ouvrière pousse vers le haut certaines catégories de salariés. On se résigne à leur ascension jusqu'à des postes en vue. Les socialistes occupent la majorité des sièges à la Chambre. On constate vite que l'accession au ''Pouvoir'' a sur eux un effet magique. On devine lequel.
Progressivement se met en place une stratégie de corruption ''démocratique''. On va multiplier les ''niches'' où caser douillettement ces élites issues du peuple.
Plus récemment, on va octroyer force crédits aux syndicats puis aux partis politiques, fussent-ils d'extrême- gauche. Ces subventions vont leur permettre de moins s'inquiéter du nombre de cotisants. Voire, comme un Robert Hue, recevoir un soutien d'autant plus élevé que leur parti disparaît. Le Conseil Économique et Social sera là pour héberger les syndicalistes les plus ''méritants'' en termes de ''compréhension sociale''. On ne compte plus les Instituts bidon, les Commissions bidon, les Missions d'étude bidon où recaser les ''opposants'' recalés par les électeurs.
On arrive à la situation actuelle où l'ensemble du personnel d'encadrement idéologique et tactique du prolétariat dépend essentiellement des crédits dûs au bon vouloir du Gouvernement.

Mais cela ne suffit pas. Le démantèlement du système de protection sociale de la France, exigé par la finance impatiente d'en capter les milliards, ne va pas sans faire des millions de victimes. L'organisation du chômage pour peser sur les salaires peut provoquer des mouvements sociaux indésirables. En accord avec les élites évoquées plus haut, on va se mettre à négocier des ''aides'', destinées ''aux plus démunis'', qui rendront plus dociles et les ''bénéficiaires'' et leurs ''négociateurs''. De Gauche, bien entendu.
Il nous semble que c'est bien par la corruption ET des élites issues du peuple ET des masses frappées par la politique de régression, que s'explique le paradoxe évoqué au départ de cette réflexion.
162 ans après un Manifeste qui enflamma le monde, il semble que le veau d'or en ait triomphé, trônant sur un chaos que cet appel voulait épargner aux peuples.

Alors, ''No future?''

Deux propositions nous chatouillent.
La première: ''Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre''. Or le prolétariat occidental a pu, pendant un siècle, ''profiter'' du pillage colonial du monde que menait son patronat ou l'État lui-même17. La bourgeoisie avait besoin de son soutien, au moins sur le plan politique, puis militaire. Il serait bon de pouvoir évaluer dans quelle mesure cela a retenti sur la tradition révolutionnaire des Français, les a plutôt jetés dans les bras des profiteurs. Il n'est qu'à voir la difficulté française à reconnaître la ''perte'' de l'Algérie comme un progrès. Voir l'assez peu de contestation des opérations néo-coloniales en Irak et en Afghanistan.
La seconde: La lutte des classes, dit Marx, se termine par la victoire de l'une sur l'autre ou par la destruction des deux classes en présence. (la possibilité que deux systèmes cohabitent étant exclue)
Les visions écologiques ou militaires les plus pessimistes évoquent cette possible fin de partie. On voit d'ailleurs mal deux cents Bill Gates passer de dizaines de milliards chacun à des centaines ou plus et les peuples et la terre elle-même y résister18. C'est pourtant dans l'ordre actuel des choses.
Si nous juxtaposons ces deux tendances, à les supposer vraies, que penser de l'avenir immédiat? Qu'il faut souhaiter que l'Inde, la Chine, le Brésil et l'Afrique sortent enfin de toute dépendance de la finance occidentale? Qu'en attendant, nos populations se consolent de leur misère en consommant les plus miteux gadgets asiatiques au lieu de prendre leur destin en main? Ou qu'ils s'engagent dans des armées pour rétablir les anciens privilèges?

Il est temps pour nous de prendre parti.
Les constats détaillés plus haut ne fondent aucune certitude. Ce sont les masses qui font l'histoire et nous ne sommes pas les masses.
Mais nous sommes français, et cela fait déjà une différence. Le système capitaliste, en 1794, est encore balbutiant, après sa Révolution, que déjà Babeuf19 crée en France un Parti pour le dépasser. Trois autres révolutions jalonnent le XIXème siècle français et font école dans le monde. Suivent les victoires populaires de 36, 45, 68.
La politique a toujours été notre meilleur produit d'exportation. Avec Voltaire, Napoléon ou la Commune. Avec Sarkozy on n'exporte plus que la risée. Il précipite notre déclin.
Mais ''prendre parti'', c'est quoi, compte tenu de tout ce qui précède, et qui prenne en compte la déliquescence de la Gauche et la victoire idéologique de la Droite?
Cela ne peut se faire qu'en saisissant bien les enjeux devant lesquels sont placées les différentes classes en présence. En reprenant à la racine ce qui les concerne pour l'essentiel, à savoir leur rôle dans la production des richesse et la répartition de celles-ci.

Partons de la plus grave anomalie sociale:

Plus d'un cinquième de la population potentiellement active est écarté de la production des biens et services.
Cinq à six millions de Français sont privés de travail et mis à la charge des salariés actifs.

Tout en organisant le chômage20, l'État UMP crie à tue-tête son fameux ''travailler plus''. Avec un succès électoral qui surprend toujours la Gauche. La raison est d'une évidence bête à pleurer:
La Gauche réclame tout sauf du travail!
Ses dirigeants savent que les couches populaires ont cessé de voter pour elle ou de voter tout court. Autant laisser les pauvres au FN. Au moins, ça handicape la Droite...
Ses partis d'élus locaux sont là pour distribuer les ''aides'' sociales, en tirer reconnaissance, pas pour animer des comités de chômeurs!
Avant d'aller plus loin, arrêtons-nous un instant sur cette curieuse évolution de la Gauche relativement au travail.

La Gauche et le travail

C'est énorme, ce que la Gauche a pu balancer à la poubelle concernant le travail!
Finis, les temps du Paysan-nourricier, de l' Ouvrier- fier-de-son-ouvrage, du Prolétaire-porteur-d'avenir, du Travailleur-conscient-et-organisé!
Au pouvoir, elle exalte le ''temps libre'', la retraite, les trente-cinq heures, plutôt que le salaire. La véritable liberté se gagne par le non-travail. Tout juste si le RMIste ne devient pas le héros du jour, celui qui a tout compris des nouveaux codes. Celui qu'envient un peu les enseignants accablés par leurs dix-huit heures, les intermittents du spectacle, les forçats du journalisme, les délégués SNCF écrasés par leurs responsabilités, les dizaines de milliers d'élus pas sûrs de l'être à nouveau, leur ''clientèle'' casée dans des Associations encore trop peu subventionnées...
Passant par là, Sarkozy a ramassé la ''valeur-travail'' qui traînait sur le bord du chemin.
La Gauche a réussi le prodige de faire de l'UMP le nouveau Parti des Travailleurs! Le temps d'une élection, direz-vous. Le temps de la perdre. En 2007 comme en 2002. Pour 2012, elle compte sur l'effet ''retraites'' plus que sur un quelconque ''retour à l'emploi''.
Comprenons-la. La classe ouvrière immigrée ne vote guère, les jeunes de banlieue encore moins, les chômeurs ne croient plus en rien, les petits vieux votent selon la trouille... Restent les services publics et les classes moyennes. Sans plus d'ouvriers et de militants bénévoles, la Gauche ne peut plus guère prétendre dynamiser tout un peuple. Elle ne compte visiblement plus que sur l'impopularité des sortants.
Revenons sur l'idée que la Gauche véhicule désormais à propos du travail.
Il n'est plus, pour elle, le facteur de dignité et d'émancipation potentielle qu'il était. Au temps de Marx, au temps de Jaurès, de Thorez, et encore dans le verbe de Marchais. Le travailleur, pour elle, n'est plus le créateur de tous les biens terrestres, dont le Capital profite, un producteur qui revendique à bon droit, mais plutôt un être souffrant, accablé, opprimé... par le travail.
Cette vision petite-bourgeoise du travail imprègne profondément une Gauche qui a perdu tout repère de classe. Quasiment heureuse que Sarko radote sur le ''travailler plus'' et qu'elle puisse rallier autour d'un ''travailler moins''!
En s'enfonçant dans la boue du réformisme, la presque totalité de la Gauche, en escamotant ce qui fait la force intrinsèque du prolétariat, des salariés, finit par donner à la Droite une apparence de modernité.
Interrogez le militant socialiste ou communiste lambda, il vous dira que la majorité des chômeurs craint plus la dureté du travail que le chômage lui-même. Ces gens ont pris une telle distance d' ''élite pensante'' avec le peuple, qu'ils profèrent ces conneries en toute bonne foi.
Demandez-vous ensuite pourquoi les trois-quarts de la population dénie toute autorité morale aux ''élites''...

On touche là à l'essentiel du clivage idéologique.
Ayant abandonné le terrain de la ''valeur'', propre aux salariés, qu'est précisément la valeur de leur travail, la Gauche française meurt dans ses peu reluisantes convulsions électoralistes, laissant le champ libre aux ''penseurs'' de la ''modernité'', les Minc, les Attali, les BHL, les DSK, les Robert Hue et mille autres.
On aura même vu, au plus fort de la crise du chômage, le plus farouche défenseur de la tradition communiste, André Gérin, député d'une zone industrielle particulièrement touchée, se mettre soudain en croisade...contre la burqa! Fermez le ban!


La Gauche et le libéralisme

Pour se présenter en opposition à la Droite et rallier sous un même slogan des Gauches très diverses, le PS s'est rangé sous le drapeau de l'anti-libéralisme.
Dans le même temps qu'il se résolvait, dans ses statuts, à l'économie de marché. On n'est pas à une contradiction près.
L'allégeance au marché d'une part, la démagogie ''anti'' d'une autre. Deux concepts calamiteux pour masquer l'abandon de tous les principes.
Calamiteux parce qu'absurdes.
Premièrement, on ne peut à la fois sanctifier l'économie de marché et la vouloir ''réguler'', comme le prétend encore la social-démocratie. La ''loi du marché'' ne tolère pas de règle contraire. Une économie contrôlée n'est plus une véritable économie de marché.
Deuxièmement, se dire ''anti-libéral'' relève de la provocation verbale, aux effets négatifs dans l'opinion. En effet, une masse influente et non négligeable de la population se reconnaît dans le libéralisme. Pas celui de Sarkozy, celui de leur profession ''libérale''. Non assujettie au grand capital, du moins dans la forme. L'infirmière ''libérale'', l'artisan, le travailleur indépendant, et même le bricoleur au noir se définissent plutôt comme ''libéraux''. Ils assimilent libéralisme et ''liberté'', ce qui, d'ailleurs, correspond à l'esprit du libéralisme dans sa tradition historique.
Un libéralisme qui s'opposait à l'existence et à la concentration des monopoles. Un libéralisme qui, au nom de la libre concurrence, condamnait l'intervention de l'État pour ''aider'' les grosses entreprises à manger les petites.
Se dire ''anti-libéral'' contre Sarko, c'est lui donner un brevet de libéralisme inespéré.
On objectera que c'est la nuance ''néo-libérale'' qui est visée. Soit. Dans ce cas, pourquoi donc se dire ''anti-libéral''?
Le PS pense avoir trouvé la double formule pour d'une part se montrer anti-capitaliste aux salariés ET favorable au marché aux yeux des classes moyennes. Sauf que les deux ont vu Jospin et Hue à l'œuvre dans ce registre schizophrène. Réduisant les deux à voter Chirac au bout du compte.
Bien plus. L'anti-libéralisme a une résonance qu'on ne peut éviter. L'étatisme. La tradition historique du socialisme français à vouloir nationaliser, étatiser, fonctionnariser. (quitte à re-privatiser, comme le PCF avec Air-France). A soviétiser, diront les plus polémiques.
Notons là que les nationalisations mitterrandiennes correspondaient aux vœux du grand patronat, soucieux d'énergie, de transports et de crédit à bas prix, aux frais de l'État.21
Et puis, plus simplement, anti-libéralisme évoque dans l'esprit commun, l'idée d'une privation de liberté.
C'est pourquoi, au risque des hurlements de la Gauche, nous inscrirons nos solutions dans une tradition ET ouvrière ET libérale.
C'est l'isolement politique garanti mais, vu l'estime qu'ont les Français pour les divers partis, le risque se limite aux frontières de leurs chapelles.

Le travail est-il une aliénation?

… Comme la Gauche – et surtout l'extrême-gauche – aime à le rappeler depuis quelques temps?
S'il y a peu d'ouvriers et de petits employés pour soutenir cela, diront nos professeurs en révolutions, c'est sans doute qu'ils sont abrutis par les cadences, ''aliénés'' au-delà de toute prise de conscience.
Autrement dit des abrutis (si le politiquement correct ne contraignait à la litote.)
Bien entendu, que le travail salarié est aliéné. Par définition. Le salarié aliène sa force de travail à un donneur d'ordres impératifs qui seul dispose des moyens de production. Ce travail est aliénant par là-même, puisqu'il prive l'exécutant de tout pouvoir sur les conditions et les fins de son ouvrage. Aliénant aussi quand il conduit le salarié à ''remercier'', en quelque sorte, le patron de lui ''donner'' du travail.
Le salarié est bien souvent dans la situation d'un quidam que braque un malfrat, et qui doit remercier celui-ci de lui laisser la vie sauve.

Les doctrinaires petits-bourgeois de gauche ont presque tous sauté le pas. Faute de voir des armées de salariés en grève générale, ils s'excitent contre le travail lui-même. Ce n'est plus le patronat qui aliène en spoliant par la force de sa situation dominante, c'est le travail qui épuise, qui ''abrutit''. C'est, pourquoi pas, le salarié qui accepte les conditions de travail aliénantes qui est le vrai responsable de son aliénation.
Il y a toujours eu, chez les ''penseurs du peuple'', ce mépris condescendant pour le peuple. Une ''hauteur de vue'' qui compense la petitesse de l'âme. C'est normal, après tout. Ces petits leaders potentiels ont généralement déjà un pied dans la classe supérieure. Au moins une connivence dans le sentiment de supériorité.
L'exclusion du peuple du monde politique n'est aps une tendance: c'est une chose consommée.
Un seul exemple: le dernier qui soit ouvrier sur les 577 députés à l'Assemblée Nationale, Maxime Gremetz, a été exclu du Parti Communiste. Être ouvrier est fort mal venu à Gauche! Qu'à cela ne tienne: on parlera plus aisément ''entre soi'' du caractère négatif du travail!
Les travailleurs exclus, cela devient un plaisir de disputer avec Sarko des meilleures façons de gérer le libre marché de la main d'œuvre aliénée. Sarko supprime des emplois? Supprimons, nous la Gauche, encore un peu du temps de travail. On libérera ainsi les travailleurs d'un affreux esclavage.
Il serait temps de renvoyer toute ces élites complices aux joies de l'économie de marché...du travail!





Et ils inventèrent l'assistanat

On a dit que la domestication rétribuée des leaders d'opinion avait, depuis le début du XXIème siècle, relayé l'usage de la force brutale. Mais cela ne réglait pas tout. Les salariés ont continué à se battre pour les salaires, pour l'éducation, la santé, les retraites etc. même quand leurs syndicats jouaient aux ''partenaires sociaux''.
En utilisant l'arme du chômage, le capital parvient généralement à casser une contestation trop virulente. Mais c'est une arme dangereuse, car elle inquiète très au-delà des chômeurs. Elle crée ce sentiment, aujourd'hui quasi unanime, que le pays est sans avenir, que les jeunes générations vivront moins bien que les précédentes tout en produisant plus.
Parallèlement, donc, à la corruption des élus, le Pouvoir s'est chargé de calmer la protestation des victimes du capitalisme. En transformant un État-garant-de-la-solidarité en État-Providence. Aux droits sociaux réduits, on a substitué des mesures a minima d'accompagnement de la misère. Les soins palliatifs d'une société déclinante.
Coup double: la Droite caritative offre ainsi à la Gauche un terrain revendicatif ne mettant plus directement le système en cause. On a vu se multiplier, pincée après pincée, des centaines d' ''aides aux plus démunis''. Non plus comme un juste retour de la richesse à ses producteurs, mais comme une aumône due à la bienveillance des politiques22.
La facture, qui gonfle d'année en année, sera mise à la charge du contribuable. Gauche comme Droite en feront leur panacée sociale anti-émeute. Ce budget-tranquillisant va atteindre des sommes colossales.

Les Aides

1) Les aides au patronat
Que faire pour ''sauver l'emploi''?
Cela tombe sous le sens: il faut d'abord sauver le patronat. ...Puisque c'est lui qui, seul, ''crée'' des emplois23.
Un patronat accablé, en France – surtout en France – par les épouvantables ''charges'' qui pèsent sur lui. Baisser les salaires (et pourquoi pas les supprimer, ce qui créerait des millions d'emplois?) ne serait pas forcément populaire. Autant baisser les fameuses ''charges''. C'est à dire le salaire différé qu'est la sécurité sociale. Que sont les retraites. C'est moins voyant.
On a donc multiplié les ''exonérations de charges sociales''. Au prétexte de l'emploi des apprentis, des jeunes, des séniors, des handicapés, des RMIstes, des banlieues, des zones de revitalisation rurale, des heures supplémentaires (4,2 milliards), des marins, des routiers, des aubergistes (4 milliards) etc.
Plus de 25 milliards en 2008 et combien depuis? (Le but ultime étant de mettre la sécu en faillite, conformément aux objectifs de l'OMC).
Sarko invente ensuite le bouclier fiscal, ce formidable créateur d'emplois que l'on sait. Fait aussi, dit-il, pour ''aider'' nos patriotes capitalistes à retrouver un chouïa d' ''identité nationale''24.
Les aides au patronat ne peuvent se limiter à cela.
En 2007, on dénombrait pas moins de 250 ''aides aux entreprises''25.
Il y a aussi l'aide des commandes d'État. 28 milliards, par exemple, à Serge Dassault, pour produire un Rafale invendable.
Il y a l'aide au financement des 35 heures, généreusement affectée par Aubry au budget de l'État et maintenue par Sarkozy en dépit de leur liquidation de fait. Un coût d'une vingtaine de milliards.

Il y a en plus les aides baptisées ''niches fiscales''.
Que le rapport de 2008 de la commission des finances évalue à 73 milliards, soit 27% des recettes de l'État26.
L'aide ultra massive aux ''banquiers-voyous'' par le Gouvernement reste dans les mémoires.
Les curieux peuvent s'aventurer sur le site de la DIACT et se retrouver en pleine Amazonie d'aides d'État à nos chers entrepreneurs libéraux.
Ne terminons pas la liste en oubliant que 70% du revenu des agriculteurs provient non de leur travail et de la vente de leurs produits, mais des subventions européennes ou nationales. Leur quasi totalité allant aux milliardaires céréaliers.27
Tout ceci caractérise une économie parfaitement anti-libérale. Toujours plus d'État interventionniste pour toujours plus de subventions directes. Prélevées sur les ménages et reversées aux monopoles. Au nom des sacro-saintes règles bidon de la ''concurrence libre et non-faussée''!
Parler de ''libéralisme'' quand c'est l'État qui finance ainsi le patronat, quelle insulte aux théoriciens libéraux! Tocqueville en tomberait raide. Il faut sans cesse le redire aux démagogues de l'anti-libéralisme.

Passons maintenant aux aides ''sociales''

2) Les aides ''politiques''
Une des plus voyantes, c'est l' ''aide à la formation professionnelle'' versée aux syndicats – ouvriers et patronaux – pour la bagatelle de 35 milliards. Sans le moindre contrôle d'efficience. Cent fois plus juteux que les enveloppes de l'UIMM de la belle époque.
Le financement des partis revêt plusieurs formes. L'aide publique, qui s'est élevée en 2008 à 34,5 millions pour l'UMP et 24,5 pour le PS. Le reste allant à une cinquantaine d'autres partis.
Les dons, défiscalisés – autre forme d'aide publique – qui ont vu se multiplier les micro-partis bidons (cf Woerth),passés de 28 en 90 à 255 en 2004. Combien depuis?
Les indemnités, qui vont de 5484,5 E brut pour un maire de grande ville à 11976 net pour un sénateur. Auxquelles s'ajoutent quantité d'à-côtés...
On est loin du dévouement militant à l'intérêt public. D'autant que de cette manne sont exclus les Français aux faibles revenus28
N'oublions pas les multiples placards dorés qui sont autant de lots de consolation ou de salles d'attente pour les recalés du suffrage électoral.
La pérennité du système est d'autant mieux garantie que ces élites politiques ont un intérêt commun, un corporatisme qui tempère fort les différences.
La professionnalisation des permanents politiques et syndicaux, quasi inamovibles, il est convenu que ça s'appellera toujours la démocratie...
La désyndicalisation de la France traduit l'intuitive méfiance des travailleurs à l'égard des professionnels du ''dialogue entre partenaires sociaux''.

4) Les aides ''sociales''
La vedette, c'est le RMI.
Il concerne 1,3 millions de Français sur les plus de 5 millions laissés en dehors de l'emploi. Son coût, approchant les 7 milliards, fait pâle figure à côté des subventions au patronat. Quant au RSA, Hirsch l'évaluait à 4 milliards. Il s'est réjoui d'en obtenir le quart.
La CMU et la CMU-Complémentaire coûtent environ 7 milliards.
La Prime Pour l'Emploi , versée à 8 millions de foyers, coûte environ 5 milliards.
L' Aide Personnalisée au Logement 14 milliards.
La prime de rentrée scolaire.
La prime de Noël.
La prime exceptionnelle aux familles modestes.
La PEPCSPE (prime exceptionnelle pour Certains Salariés Privés d' Emploi.
Prime exceptionnelle de 500 euros.
L' Indemnité de Retour à l' Emploi.
Aides au Transport, à l' Électricité, au sur- endettement, au Parent Isolé, à l' Assistance Maternelle, à l' Aide Juridictionnelle etc etc etc etc etc etc
On compte, dans certains départements, jusqu'à soixante types d' ''aides''!
Pour quel résultat sur l'emploi?











Au total ?

Si nous additionnons les prélèvements opérés sur la masse des salariés français pour ''créer des emplois'' ou pallier la misère due au non-emploi, qu'on y ajoute les sommes affectées aux soutiens à la ''paix sociale'', et qu'on n'oublie pas le montant de la fraude-évasion fiscale, on atteint un total qui avoisine les 200 milliards d'euros29.

Nous disons bien deux-cents milliards.



















seulement
108 milliards,
c'est 5 millions
de salaires
à 1800E brut / mois.







Observer, analyser, calculer, en déduire une solution

Ce calcul élémentaire pose une question fondamentale:

Travail salarié ou Assistanat?

On a vu pourquoi et à quel point Droite et gauche feraient tout pour éviter de poser la question en ces termes.
Il y va, pour des raisons différentes, de leur pouvoir présent.

Il est temps de dire ici que nous ne sommes pas les premiers à nous poser la question, fût-ce dans des optiques très différentes.
Le premier que nous pouvons citer, c'est Jacques Marseille. Le très peu sulfureux économiste, dans Le Point, s'est mis, en 2007, à calculer combien le traitement du chômage par l'État représentait de salaires. Pour s'étonner – naïvement? - que le Gouvernement choisisse la solution la plus onéreuse.
Voici son texte:
« Au total, ces dépenses sont passées de 47 milliards en 1995 à 67,2 milliards en 2000 et à 74,2 milliards en 2004, dernière statistique malheureusement disponible. 32 milliards pour les dépenses ''passives'' et 42 milliards pour les dépenses ''actives''. Elles ont donc augmenté de 57,4% en dix ans alors que, pour prendre une statistique comparable et difficilement contestable, le nombre de chômeurs recensés au sens du BIT est passé entre 1995 et 2006 de 2.887.000 à 2.350.000. 74 milliards d'euros, c'est plus que le salaire moyen annuel de 4 millions de salariés payés au SMIC ! C'est sept fois plus que les sommes affectées à l'enseignement supérieur.
Ainsi, on a dépensé 27 milliards d'euros supplémentaires en dix ans (soit un peu plus de la moitié de l'impôt sur le revenu aujourd'hui) pour réduire le nombre de chômeurs de 18,5%. Chaque chômeur en moins (baisse de 535,000 entre les deux dates) aura coûté 50,000 euros par tête, soit presque le triple du revenu médian des Français (celui que perçoit la moitié des salariés). (…) Des milliards engloutis pour un résultat insignifiant: telle est la triste et coûteuse chronique des années perdues. A la limite, pourquoi ne pas supprimer tous ces dispositifs et verser un chèque de 32,000 euros à chaque chômeur? (74 milliards divisés par 2,3 millions). Nul doute qu'avec ce chèque, il pourrait s'acheter rapidement un employeur. Nul doute qu'avec une telle mesure, on pourrait réduire de manière considérable le nombre de fonctionnaires. »
Jacques Marseille. Le Point. 8 février 2007.

On remarquera au passage le mépris cavalier et l'esprit de classe qui consistent à penser que le salarié, muni de son chèque de 32,000 euros, va courir ''s'acheter un patron''30. Marseille n'envisage pas clairement que son chômeur puisse se mettre à produire. Son ''chèque'' doit rester une assistance. Juste moins chère pour l'État.
Ses chiffres, pourtant limités à une partie seulement de l'assistanat, vont dans le sens de notre démonstration.
Citons aussi Jacques Nikonoff, l'ancien président d'ATTAC, puis du M'PEP, qui, à partir de calculs plus complets31, développe l'idée d'un ''droit au travail opposable''32.

Les chiffres présentés confirment qu'il est possible, sans un centime d'impôt supplémentaire, et sans remettre en cause le principe du libéralisme, de mettre totalement fin au chômage.
De satisfaire enfin au Droit au Travail, tel qu'il figure dans le Préambule de notre Constitution et qu'il est bon de rappeler:

Art. 5 « Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. »

Ce droit, obtenu au bout de 150 ans de luttes et la victoire de la Résistance sur les forces réactionnaires du pétainisme et du nazisme, est toujours inscrit dans notre loi fondamentale.33 Même si la Gauche en a totalement perdu la mémoire.
Sans rien changer à la fiscalité actuelle34, sans ponctionner un euro de plus sur les ménages, le coût de l'assistanat suffit à assurer un travail et un salaire décents à cinq millions de Français marginalisés faute d'emploi.

Nous pouvons traduire tout ceci en un...

… PROJET DE LOI

ART. 1 Chaque entreprise ou administration est tenue de créer un nouveau poste de travail par tranche de 5 salariés. La rémunération des salaires sera assurée la première année par la reconversion de toutes les ''aides à l'emploi'' et au non-emploi.35

ART. 2 Le Ministère du Travail publie la liste des nouveaux postes offerts en assurant la priorité aux chômeurs, garantis dans leur salaire précédent.

ART. 3 Le salarié licencié conserve son salaire pendant deux mois, étant assuré d'un autre emploi.

ART. 4 L'assistance sociale est est garantie aux inaptes au travail mais un travail garanti aux handicapés.

ART. 5 Le financement de l'article 1 est garanti pendant un an, renouvelable en partie en fonction de l'évolution dela qualification des nouveaux salariés et leur remise progressive à la charge de leur entreprise. Les sommes économisées sont versées au budget de l' Éducation, de la recherche et de l'Innovation.

ART. 6 Le droit de ne pas travailler est reconnu à chacun. Il ne donne droit à aucune aide publique.

ART. 7 Les entreprises privées ne reçoivent aucune subvention des fonds publics.

ART. 8 Les cotisations ASSEDIC sont supprimées.


Concernant le licenciement, on devra s'en tenir à deux principes: 1° Ne pas l'interdire. 2° Le préserver au mieux de l'arbitraire patronal. Un équilibre délicat qui pourrait être négocié au cours d'une première année d'expérience.
Certains verront là un des points faibles du système. La porte ouverte à une fonctionnarisation et autres dérives. Il faudra sans doute beaucoup tâtonner pour trouver un équilibre qui maintienne le dynamisme concurrentiel tout en garantissant la réalité du DAT.






Essayons d'imaginer le problème résolu et voyons quelles conséquences en pourraient découler.


Les conséquences

Les plus de deux millions de chômeurs actuels et près de trois millions de jeunes, de femmes, de séniors, non comptabilisés comme chômeurs, sortent enfin de l'humiliation, de la précarité, de l'inutilité sociale, de la course vaine à l'emploi.
Ils entrent dans l'utilité sociale et la création de richesses. Leur mode de vie change radicalement.
Une première question se pose: peut-on attendre de cette population laborieuse nouvelle36 une croissance des richesses proportionnelle à leur nombre?
Certainement pas.
En pratique, la faible productivité des nouveaux salariés, la désocialisation de beaucoup d'entre eux, ferait que le gain ne serait pas arithmétiquement proportionnel. Qui, par contre, prétendra qu'il serait nul? Il serait de toutes façons, autrement plus productif que les ''plans de relance'' bricolés par Sarkozy avec le succès que l'on voit.
Ce qu'on peut raisonnablement en attendre?

1 Une augmentation du potentiel de production, de consommation37, du niveau de vie.
2 La dynamisation productive et culturelle de toute une jeunesse jusque là marginalisée.
3 La fin du cauchemar des banlieues et un recul certain de l'insécurité et des violences.
4 Le renflouement immédiat de la sécu et des caisses de retraite.
5 La résorption progressive des déficits publics.
6 Un climat de confiance facilitant la réorientation vers une économie écologique et durable.
7 Une reprise de la tradition française d'innovation sociale, notre exception positive, notre identité nationale retrouvée.

Est-ce là la clef d'une société idéale, une utopie en chambre, un ''y'a qu'à'' de plus? Il faut envisager les multiples écueils qui barrent la route de la mesure proposée ici.

Les écueils

Beaucoup sont imprévisibles, comme l'est la vie, comme l'est l' Histoire, mais certains affleurent dès l'énoncé du programme.

1 S'il est possible de le financer globalement, il est vrai qu'un calcul basé sur le montant moyen du salaire entraînerait une disparité avec le SMIC, très inférieur. Le but n'étant pas un égalitarisme de principe, il est évident qu'une répartition du ''butin- assistanat'' devra être affinée. Mais que répondre par avance sans prétendre modéliser la société sur le papier? Que c'est aux salariés d'en débattre et si possible parvenir à un accord profitable, globalement, au plus grand nombre. Il n'est pas question de réintégrer les chômeurs actuels à un niveau identique à celui de jeunes sans qualification.

2 La compétitivité des entreprises françaises, privées de ses milliards de cadeaux, va être plombée, au niveau des exportations notamment. Pendant qu'une formidable relance de la consommation ferait plutôt travailler l'industrie chinoise.
Le MEDEF chante ça à chaque petit plan de relance qui risquerait de favoriser la consommation plus que ses subventions.
La réponse? Si, dopées par un afflux de main- d'œuvre ''gratuite'', ces entreprises n'en tiraient pas parti, leur management serait visiblement en cause. Quant aux importations chinoises ou autres, un certain protectionnisme s'impose déjà, à l'instar des USA.

3 Ne soyons pas naïfs. Toute limitation des profits du Capital, à quelque endroit de la planète qu'elle se produise, mobilisera une riposte. La France a toujours eu à combattre pour sa différence. L'''intégrer'' dans l' OTAN, l' Europe, le FMI etc. signifie pour elle un déclin assuré. Où serait, sinon, le mérite reconnu à De Gaulle? Le NON de 2005 fut un moment d'espoir pour les peuples européens, vite trahi par Sarko et le PS. Il est clair que seul un mouvement populaire uni et puissant pourrait résister aux rétorsions du capitalisme international.
Et réciproquement, seule une grande avancée sociale peut initier ce mouvement et le faire triompher.

4 Pour l'heure, une grande conviction habite les bobos du PCF et le reste de la Gauche politicienne, à savoir que les Français, grâce à l'assistanat, satisferaient une immense envie de ne rien branler. Cette vision misérable caractérise bien la médiocrité où sont tombés ses auteurs. Ce faisant, ils ne font que justifier leur démission opportuniste.
Est loin le temps où ils auraient milité au sein des foules qui s'esquintent dans les queues au Pôle- Emploi. Ils ne font plus que les marchés les veilles d'élection. Une ''idée'' qu'ils partagent avec le FN, s'étant partagés leurs électeurs.
Si cette ''analyse'' percutait, les flemmards de tout poil s'en remettraient à leurs bergers ''de gauche'' pour dormir sur leurs ''acquis sociaux''. Or, stupeur, ils sont allés voter pour le ''travailler plus'' de qui on sait. Cherchez l'erreur!
Certes, une génération élevée sous la perfusion des ''droits'', des ''aides'', n'est pas spontanément et unanimement folle de stakhanovisme. Mais les enquêtes montrent toutes que la très grande majorité des allocataires divers cherchent avant tout à trouver un boulot. Un vrai, si possible.
La principale objection au Droit au Travail, c'est parmi les chevaux de retour du ''socialisme'' qu'on risque de la rencontrer. Ce n'est pas négligeable.

5 La suppression de l'assistanat, qui n'est pas, rappelons-le, la limitation des droits à l'assistance et à la solidarité, risque fort de mettre au ''chômage'' des milliers d'organismes ''sociaux'', viviers et clientèle, bien souvent, des partis politiques. Leur fonction deviendrait obsolète. On peut néanmoins avancer qu'une bonne partie d'entre eux pourraient être reconvertis dans la gestion - fort complexe – du Droit au Travail dans une économie libérale. Il est à parier qu'une forte résistance peut venir de ce côté.

6 Enfin n'imaginons pas qu'une mesure qui enfonce un redoutable coin dans le système d'exploitation en vigueur ne déclenchera pas une violente riposte idéologique de la part de tous ceux qui, depuis des décennies, et fut-ce au nom du ''socialisme'', ont su bravement et progressivement s'en accommoder.38


Avant de conclure, faisons retour sur les principes.


Les principes

On a vu la Gauche, incapable d'élaborer un programme, se rabattre sur les incantations anti-libérales. Et se faire renvoyer dans les cordes par une Droite l'accusant d'étatisme, de jacobinisme centralisateur, de fonctionnarisme de l'économie.
Un reproche bien excessif, s'adressant à une Gauche qui, au pouvoir, privatise sans vergogne! Qu'elle se dise anti-libérale dans les préaux n'a guère de conséquences, sinon de la faire reculer dans l'opinion. Car aucune dynamique sociale ne se crée sur un mot d'ordre négatif.
Tous les grands mouvements sociaux qui ont pu aboutir à une victoire ont gagné sur des objectifs pré-définis. En mai 68, la lutte pour les salaires, aboutit à un Grenelle. Alors que l'agitation ''anti-société-de-consommation'' ne mena qu'à la victoire du RPR. Les masses luttent POUR.

Deux théories sociales s'affrontent depuis des siècles, qui opposent un principe de gauche et un principe de droite. Le premier prétend répartir les richesses, le second dynamiser la production par la concurrence.
Le premier dénonce l'injustice, le second répond qu'il faut d'abord faire grossir le gâteau etc.
A l'échelle de deux siècles, c'est le second qui l'a emporté. Même s'il n'a plus rien de ''libéral''.
On en impute la ''faute'' à la peu exaltante expérience soviétique. A ses atteintes à la propriété privée. En fait à la confiscation du Pouvoir par une élite tout aussi crapuleuse que la précédente. La ''collectivisation'' au profit d'une nouvelle caste politicienne n'emballe plus les masses. Une ''étatisation'' sans un État réellement démocratique est une révolution pour rien.
Le PS l'a bien compris, qui rétablit le libéralisme dans ses statuts. Mais qui, pour se distinguer électoralement de la Droite, le vitupère dans les meetings.
Cette ambivalence ne trompe pas. Elle ne mobilise qu'une partie des ''anti''. En 2010 le PS, même conscient que l' ''anti-sarkozysme'' ne suffit pas, se déchire dès qu'il s'agit de se positionner POUR.
Par cette posture, il s'interdit de dénoncer l'anti-libéralisme forcené de Sarkozy, laissant les classes moyennes dans un vide idéologique. Vous direz qu'il est difficile de faire autrement quand on prépare le fauteuil présidentiel pour DSK, chouchou de Wall-Street.

Si nous proposons d'en finir avec la démagogie ''anti-libérale'', qui pousse l'infirmière ''libérale'' dans les bras de Véolia et des monopoles, c'est pour mieux renouer avec ce qu'il y a de positif dans la tradition libérale. L'égalité devant la loi, l'indépendance de la justice, la non-intervention de l'État en faveur du Capital, l'honnêteté dans la concurrence etc.
Ces principes ne sont opposés au ''socialisme'' que sous sa forme ''étatique''. Ils n'empêchent nullement le développement des services publics, puissants facteurs d'égalité. Preuve est archi-faite que la fonctionnarisation de l'économie tue l'initiative et ralentit la production.39. Pas même le Manifeste Communiste de 1848 ne considère que la mise en commun des moyens de production doive se faire par leur concentration entre les mains d'un État qui ne serait pas ''prolétarien'', démocratique au sens plein du terme.

Quelles conditions peuvent donc mener à l'abolition du chômage que nous proposons?

La revendication du Droit au Travail n'a nul besoin d'un consensus sur l'anti-capitalisme, les nationalisations, le communisme, ni même sur quel parti doit accéder au pouvoir, pour entraîner la masse des salariés et des sans-emploi à lutter pour ce droit légitime et constitutionnel.

Elle seule peut rassembler chômeurs, salariés, classes moyennes et PME, victimes de la politique pro-monopoliste des conjurés du Fouquet's.

Quant à ceux qui, de bonne foi, pensent que seule une révolution est un préalable nécessaire à toute satisfaction durable des intérêts salariaux, qu'ils se posent deux questions:
1)Les partis de la Gauche en sont-ils à préparer une révolution?
2)L'interdiction effective du chômage est-elle de nature à affaiblir la lutte des exploités? A les ''endormir''?

Oui, le Droit au Travail est révolutionnaire dans la mesure où il remet en cause l'arme majeure du Capital contre le salarié. Mais il n'est pas en soi une révolution, nous répètent les révolutionnaires en chambre qui pensent que seule la misère salariale pousse à la révolte. Idée stupide de petit-bourgeois, à preuve l'absence de chômeurs dans la rue.
Qui va imaginer que, délivrés de la menace du chômage, les salariés d'une entreprise vont alors se désintéresser de leur salaire, des conditions de travail, de l'avenir de l'entreprise, de l'utilité de leur production, bref, de la politique?
Seulement ceux qui pensent les travailleurs incapables de s'orienter d'eux-mêmes, sans elles, les élites pensantes. Qui radotent à l'envie que le travail n'est qu'un abrutissement.

Le Droit au Travail ne peut qu'être un formidable libérateur des énergies dans le monde du travail. Dans toute la partie active de la société.
Suicides en chaîne à France-Télécom. Imaginons que les 20,000 licenciements n'aient pu être une menace. Il est à penser que ces travailleurs se seraient plus investis dans le sens du service public que dans la désespérance. Non?
Il n'y a donc rien de ''centriste'' à faire coexister le principe anti-monopoliste de l'abolition du chômage et le maintien du principe libéral d'abolition de l'assistanat et maintien de la libre entreprise.
Séparément, les deux ont conduit à la crise actuelle.


Supposons le problème résolu (bis)

Le Droit au Travail est mis en application. Chaque Français a désormais droit à un emploi, mieux rémunéré qui plus est.
Dans chaque entreprise, plus personne n'est menacé de perdre tout ou partie de ses ressources. Même licencié, il ne perd rien.
N'y a-t-il pas là une démotivation possible? Oui, peut-être, s'il lui est indifférent de devoir nomadiser d'entreprises non-rentables en entreprises non-rentables. On peut douter que ce soit un réflexe majoritaire. A coup sûr, la majorité du personnel sera intéressée par la stabilité voire la progression des profits de l'entreprise. La répartition de ces profits entre dividendes et réinvestissement risque d'animer quelques débats... Sachant que la concurrence reste un aiguillon et que chacun reste comptable de ses effets.
Certains verront dans ce schéma la porte ouverte à l'autogestion. Notre propos n'est pas, rappelons-le, de dicter un chemin en avant-première de l'action des masses.
Nous laisserons donc les tenants de l'autogestion ou de toute autre forme poursuivre leur combat. Quant à nous, tenons-nous-en à renforcer la démocratie concrète sans rien en exiger a priori.

Conséquences sur les banlieues.
Où on passe de 30 à 40% de chômage à 0%.
Dans la famille Mourad, il y a le père, pré-retraité, la mère au foyer, deux filles et deux fils, entre 16 et 25 ans, plus la grand-mère. Les ''revenus'' cumulés – en comptant la ''démerde'' de l'aîné (no comment) – se montent à environ 2,000 euros par mois.
Le DAT permet à six personnes sur sept d'exercer un emploi s'ils le souhaitent. Imaginons que quatre - trois enfants et la mère – profitent de ce droit. La famille perd les 2,000 euros de l'assistanat. Les quatre, non-qualifiés, ramènent maintenant dans les 6,000 euros à la maison.
Questions: L'aîné va-t-il continuer son petit commerce? La cadette pourra-t-elle continuer des études? La famille va-t-elle rester dans son HLM pourri? La police devra-t-elle être renforcée ou diminuée dans la cité? L'imam marocain fera-t-il autant recette dans sa dénonciation de la ''culture étrangère''?
Plus d'un million de jeunes Mourad et Durand ayant tous des revenus du travail, le RER restera-t-il aussi dangereux? La majorité des filles choisira-t-elle la paye ou le niqab? Ces strates nouvelles de la population laborieuse resteront-elles en dehors du concert républicain? Etc. etc.
Plus généralement, la jeunesse des villes et aussi des campagnes, remise dans le courant productif, ne serait-ce pas une assurance sur l'avenir du pays?
Sans oublier que la sécu, les retraites, sont désormais renflouées, que les cadences et le stress au travail poussent un peu moins aux congés de maladie voire pire... Que les services publics, avec 20% d'effectifs en plus...
Le revers de la médaille, c'est la probable nécessité, pour Fadela et Hortefeux, d'aller pointer au Pôle-Emploi.




















Un appel, pour terminer

« J'appelle tous les Français....etc. »
Cela fait quatre ans bientôt que j'ai commencé à me dire qu'il n'était guère d'autre angle d'attaque pour sortir réellement de la crise générale que connaissait la politique française. Sans soupçonner, je l'avoue, l'ampleur mondiale qu'allait prendre celle du capitalisme financier.
Je pensais ouvrir un débat. Faire réfléchir, à tout le moins, à la curieuse disparition d'un mot d'ordre - le Droit au Travail - né avec le salariat industriel, inscrit sur les drapeaux du mouvement ouvrier pendant deux siècles et brusquement disparu avec la Gauche au pouvoir.
Habitué, depuis soixante ans, à mille débats sur cent questions touchant à la politique, je ne pouvais imaginer la réaction qu'allait entraîner ma ''contribution'': Pour l'essentiel un silence de mort.
Un refus hermétique des interviewés ''de gauche'' d'en dire un seul mot. Pas même d'en dire la naïveté, l'utopie, voire l'idiotie, que sais-je?
Uniquement un débordement d'insultes d'extrême-gauche, m'accusant d'être un agent du Medef, un tenant du STO, stalinien et néo-nazi tout à la fois! En pleine crise du chômage, en plein ''travailler plus'', cette Gauche-là avait sa Bible: ''Le Droit à la Paresse'' de Paul Lafargue (le gendre play-boy de Marx).
Il est vrai que je défendais l'impensable: ET le slogan de Sarko ET le libéralisme dont le flatte la Gauche. Il y a là, n'est-ce pas, de quoi crier au fou!
Même pas. On se tait. On retourne à sa télé suivre les passionnants débats d'experts sur le nombre de manifestants dans la rue. Des millions pas trop dérangeants, après tout, tant qu'ils réclament de cesser le travail. Mais qui, si les cinq millions qui n'en ont pas défilaient, s'y joindraient sans doute. Qui les appelle?
Je ne prétends pas convaincre sur la base de ce petit ouvrage. Il pose un problème que l'aggravation de toutes les crises énumérées au début rappellera sans cesse: quel avenir ont les 85% de salariés français ballottés entre une Droite qui se dit libérale et une Gauche qui se dit ''anti''?
Aucun. C'est une certitude pour une majorité.
Alors n'est-il pas temps de remettre en question les remèdes politiciens qui ont failli?
N'est-il pas temps de rappeler à tous que le Droit au Travail doit passer des textes à la réalité. Que c'est faisable. Et même que ça urge!






votre opinion, vos critiques, bienvenues sur:

philippebrouillard@hotmail.fr

6 commentaires:

  1. Petit innocent! Vous vous attaquez en même temps aux deux légions d'idées reçues et à la mangeoire des élites de gauche! Vous pensez qu'il n'y a pas d'alternative à votre ''solution'', à ce mot d'ordre. Mais qui y a intérêt, sinon les millions de Français qui vont payer cher la crise organisée à cet effet? Or AUCUN d'eux n'a la parole. Ce blog vous le confirmera. Mais chapeau pour votre courage.

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  2. Et l'Europe, et l'euro? Vous envisagez les prévisibles rétorsions en cas de lèse-capitalisme... Dites plutôt que la promulgation du droit au travail ne serait que l'application des principes constitutionnels européens. la France serait le meilleur élève de la classe! La sanctionner aurait bonne mine!

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  3. Pourquoi ce blog oblige à se dire ''anonyme''? Déjà clandestin, monsieur le provo?

    vs oubliez de dire que le fameux art.5 parle de l'OBLIGATION de travailler... Si c'est pas le STO!....

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  4. La durée hebdomadaire moyenne du travail a toujours été plus élevée en France qu'en Allemagne et dans les pays européens plus développés

    http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/030111/35-heures-le-temps-de-travail-en-allemagne

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  5. Et le clou, c’est ceci

    “Pour l'heure, une grande conviction habite les bobos du PCF et le reste de la gauche politicienne, à savoir que les Français, grâce à l'assistanat, satisferaient une immense envie de ne rien branler. (…) Si cette ''analyse'' percutait, les flemmards de tout poil s'en remettraient à leurs bergers ''de gauche'' pour dormir sur leurs ''acquis sociaux''. Or, stupeur, ils sont allés voter pour le ''travailler plus'' de qui on sait. Cherchez l'erreur ! Certes, une génération élevée sous la perfusion des ''droits'', des ''aides'', n'est pas spontanément et unanimement folle de stakhanovisme. Mais les enquêtes montrent toutes que la très grande majorité des allocataires divers cherchent avant tout à trouver un boulot. Un vrai, si possible. La principale objection au Droit au Travail, c'est parmi les chevaux de retour du ''socialisme'' qu'on risque de la rencontrer. Ce n'est pas négligeable”.

    Pas négligeable, en effet, comme tu dis, citoyen Brouillard… C'est exactement ce que nous disions dans notre billet intitulé précisément “LA mesure de gauche dont les partis “de gauche” ne veulent surtout pas (entendre) parler”… (2)



    Tout cela fait bien sûr écho à nos deux billets consacrés à la conférence donnée par Henri Peña-Ruiz pour le P“G”. De même que ceci :

    “Interrogez le militant socialiste ou communiste lambda, il vous dira que la majorité des chômeurs craint plus la dureté du travail que le chômage lui-même. Ces gens ont pris une telle distance d’“élite pensante” avec le peuple, qu'ils profèrent ces conneries en toute bonne foi”.



    Ou ceci :

    “Ayant abandonné le terrain de la ''valeur'', propre aux salariés, qu'est précisément la valeur de leur travail, la Gauche française meurt dans ses peu reluisantes convulsions électoralistes, laissant le champ libre aux “penseurs” de la “modernité”, les Minc, les Attali, les BHL, les DSK, les Robert Hue et mille autres. On aura même vu, au plus fort de la crise du chômage, le plus farouche défenseur de la tradition communiste, André Gérin, député d'une zone industrielle particulièrement touchée, se mettre soudain en croisade… contre la burqa ! Fermez le ban !”.



    Ou encore ceci :

    “Les doctrinaires petits-bourgeois de gauche ont presque tous sauté le pas. Faute de voir des armées de salariés en grève générale, ils s'excitent contre le travail lui-même. Ce n'est plus le patronat qui aliène en spoliant par la force de sa situation dominante, c'est le travail qui épuise, qui “abrutit”'. C'est, pourquoi pas, le salarié qui accepte les conditions de travail aliénantes qui est le vrai responsable de son aliénation”.


    Une excellente critique de l’“anti-libéralisme”

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  6. Une excellente critique de l’“anti-libéralisme”

    A propos de l’“anti-libéralisme”, le citoyen Brouillard frappe aussi très fort et très juste :

    “Se dire “'anti-libéral” relève de la provocation verbale, aux effets négatifs dans l'opinion. En effet, une masse influente et non négligeable de la population se reconnaît dans le libéralisme. Pas celui de Sarkozy, celui de leur profession “libérale”. Non assujettie au grand capital, du moins dans la forme. L'infirmière “libérale”, l'artisan, le travailleur indépendant, et même le bricoleur au noir se définissent plutôt comme “libéraux”. Ils assimilent libéralisme et “liberté”, ce qui, d'ailleurs, correspond à l'esprit du libéralisme dans sa tradition historique”.



    “Parler de “libéralisme” quand c'est l'État qui finance ainsi le patronat, quelle insulte aux théoriciens libéraux ! Tocqueville en tomberait raide. Il faut sans cesse le redire aux démagogues de l'anti-libéralisme”.



    “Aucune dynamique sociale ne se crée sur un mot d'ordre négatif”.


    Au PCL, nous allons même jusqu’à critiquer de la même façon l’“anti-capitalisme”. Ne pas confondre le capitalisme en général, qui peut trouver sa place y compris au sein d’une société authentiquement socialiste, et le fondamentalisme capitaliste, qui relève plutôt de la pathologie mentale… et qui est une véritable calamité sociale, un vrai danger public.

    Goûtez encore ce paragraphe qui se termine en apothéose :

    “Que faire pour “sauver l'emploi” ? Cela tombe sous le sens : il faut d'abord sauver le patronat… Puisque c'est lui qui, seul, “crée” des emplois. Un patronat accablé, en France – surtout en France – par les épouvantables “charges” qui pèsent sur lui. Baisser les salaires (et pourquoi pas les supprimer, ce qui créerait des millions d'emplois ?) ne serait pas forcément populaire. Autant baisser les fameuses “charges”. C'est-à-dire le salaire différé qu'est la sécurité sociale. Que sont les retraites. C'est moins voyant. On a donc multiplié les “exonérations de charges sociales”. Au prétexte de l'emploi des apprentis, des jeunes, des seniors, des handicapés, des RMIstes, des banlieues, des zones de revitalisation rurale, des heures supplémentaires (4,2 milliards), des marins, des routiers, des aubergistes (4 milliards), etc. Plus de 25 milliards en 2008 et combien depuis ? (Le but ultime étant de mettre la sécu en faillite, conformément aux objectifs de l'OMC)”.

    Vous avez bien lu la parenthèse : “le but ultime étant de mettre la sécu en faillite, conformément aux objectifs de l'OMC”. Les objectifs de l’OMC étant ceux du FMI… ou de la Commission européenne. Ce sont toujours les mêmes objectifs ! En tout cas, on peut dire que l’auteur sait faire preuve de lucidité, balancer un pavé dans la marre, mettre les pieds dans le plat. Et c’est tellement rare…



    Philippe Brouillard critique aussi avec beaucoup de pertinence le terme “opposable” (en note page 42) dans la locution “droit au travail opposable” telle que proposée par le M’PEP… Il partage ainsi nos réserves exprimées dans le billet consacré au droit au travail et à son histoire.



    De même, nous sommes totalement en phase avec l'article 6 du projet de loi de Philippe Brouillard :

    “Le droit de ne pas travailler est reconnu à chacun. Il ne donne droit à aucune aide publique”. Voir le point 3 des principes généraux du communisme libéral. Le droit de ne pas travailler va de soi, c’est une simple question de liberté individuelle. Mais le citoyen Brouillard a le courage d’affirmer, comme nous, que ce droit ne saurait aller de pair avec la moindre aide publique. Libre à chaque citoyen de ne rien branler pour la collectivité ni pour une entreprise privée ; mais dans ce cas, le citoyen en question doit être invité à se démerder tout seul.

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